Le centre du Vietnam, première partie: Buon Ma Thuot

Pour partir un peu hors des sentiers battus après avoir sillonné les lieux très touristiques comme à Da Lat, ou Mui Né, nous avons choisi de nous diriger vers le plateau du café, à Buon Ma Thuot, le chef-lieu de la province de Dak Lak, connue pour le célèbre lac Lak. Nous n’y avons croisé quasiment aucun touriste car la région est assez reculée. Mais les locaux sont très accueillants, et la province mérite d’être explorée car elle est pleine de ressources importantes pour la population: du café, certes, mais pas seulement !

Qui dit “plateau du café” dit musée du café (le plus grand du monde, à ce qu’il paraît!). Comme beaucoup de musées au Vietnam, il n’est pas très fourni en informations, mais on peut y trouver de belles pièces de collection comme de très anciennes machines. L’entrée est gratuite, et il est situé dans un parc tout mignon où on peut évidemment y boire un café (ou autre).

Nous avons aussi visité le Chua Sac Tu Khai Doan, un temple absolument magnifique qui se visite en plusieurs parties: en hauteur, des salles sombres et une structure principalement faite de bois ; en bas, une salle très lumineuse, décorée par des néons et toutes sortes d’objets autour des offrandes ; et enfin le jardin où l’on peut voir différentes statues représentant des bouddhas.

A Buon Ma Thuot, nous n’avons croisé quasiment aucun touriste, car la ville n’est pas très grande et peu de gens viennent se perdre ici, mais on y trouve quand même quelques vestiges, comme des temples illuminatis, des écolodges, et beaucoup d’églises (c’est d’ailleurs dans cette région qu’on s’est rendus compte que beaucoup de vietnamiens étaient chrétiens et non bouddhistes comme leurs voisins lao ou khmers). 

Après la visite de la ville, nous commençons un petit road trip à moto dans les alentours pour visiter plus amplement la région, qui promet de jolies cascades ainsi qu’un lac (le lac Lak donc). On se met d’abord en quête des maisons traditionnelles du centre dont les toits sont ornés de gravures, mais on s’est rendu compte qu’on ne pourrait les trouver qu’à des centaines de kilomètres de là, beaucoup trop loin pour s’y rendre à moto. Dommage…

Nous nous sommes quand même arrêtés dans le village de Buon Don au nord de Buon Ma Thuot, où l’on peut se rendre dans la réserve aux éléphants de Cau Treo San Si. La balade est agréable: on traverse la rivière sur des petits ponts en bambous pour se rendre dans la réserve. On peut y voir quelques éléphants, et faire un tour sur leur dos (mais loin de nous cette idée), ou tout simplement acheter des fruits pour les nourrir. Il y a aussi des crocodiles, qu’on a pu voir de très très près. C’était plutôt cool, mais on pense que ça ne vaut pas le déplacement: mieux vaut directement se rendre au sud de Buon Ma Thuot.

Deuxième jour de road trip, nous partons visiter les cascades de Thac Dray Sap. Nous y avons rencontrer Khoa, Oanh et leur famille. Ils étaient assis près de la cascade, un poulet rôtissait sur un feu de camp, et malgré nos regards timides, ils nous ont invité à venir manger avec eux. Nous bavardons grâce à l’aide de Google Trad’ et de Oanh qui parle un petit peu anglais. Elle nous demande “où dormez-vous ce soir ?”. On lui répond qu’on ne sait pas et qu’on doit chercher un hôtel. Après quelques échanges avec son père Khoa, elle nous dit que nous pouvons dormir chez eux. Dormir carrément? On réfléchit, on doit avancer dans notre road trip car notre bus pour Nha Trang est déjà réservé. Et on sait pertinemment que c’est très compliqué pour les familles vietnamiennes d’héberger des étrangers (ils doivent faire une déclaration à la police, etc). Finalement, on accepte, pourquoi se priver d’une telle expérience?

Ils nous emmènes donc dans leur maison, dans une campagne reculée, entourée de plantations de café et d’arbres à caoutchouc. Des terres qui leur appartiennent et dont ils sont très fiers. Leur maison est rustique, mais plus sophistiquée que celles que nous avons pu voir auparavant : il y a trois chambres, un grand salon, une cuisine et une salle de bain. Nous découvrons qu’ils sont chrétiens, à en voir l’autel au-dessus des fauteuils du salon, et la prière avant de commencer le repas. Aucune déclaration à la police, nous passons le reste de la journée et de la nuit avec eux dans une ambiance très conviviale. Nous avons joué aux cartes, cuisiné et dîné. Nous avons goûté pour la première fois le célèbre gâteau du Têt (un gâteau de riz garni de viande et grillé à la poêle). Il y a eu beaucoup d’échanges sur nos différentes cultures, notamment une question qui m’a profondément marqué : “pourquoi vous ne voyagez pas avec votre famille?”. Pour eux, il est impensable de voyager seul ou à deux. Les loisirs, ça se partage ensemble. Nous expliquons que nos familles travaillent, et que nous voyageons trop longtemps pour qu’elles viennent avec nous. Nous expliquons aussi que chacun a sa propre maison, qu’on ne vit pas tous ensemble, comme eux le font. Je demande à Oanh si c’est la première fois qu’ils accueillent des étrangers, elle me répond que oui et qu’elle est très honorée. Elle nous invite même à son mariage (dont elle ignore encore la date), mais on a promis de venir! 

La soirée s’est terminée au karaoké du coin. Les vietnamiens adorent le karaoké (ça tombe bien, nous on déteste). Mais rien à voir avec ce qu’on voit chez nous: ici, un karaoké est une salle privatisée pour la famille. Du coup, on est tous ridicules, mais c’est juste entre nous. 

On passe la nuit chez eux, les femmes et les hommes ne dorment pas ensemble : Nico dort sur la mezzanine avec le frère de Oahn, et son oncle. Moi je dors dans la chambre de Oanh avec sa tante, sa mère, et son petit-cousin. Oanh dort dans la chambre de ses parents avec son plus jeune frère, et Khoa dans le salon.

Le lendemain, il est temps pour nous de repartir. Nous faisons nos adieux à la famille, nous remettons à peine de nos émotions de la veille: nous avons une chance incroyable d’avoir pu vivre ce moment privilégié avec eux. Ils ont été d’une telle gentillesse et générosité qu’on ne savait pas vraiment comment on pouvait les remercier. Nous procédons à un échange de billets: Oanh griffonne un petit mot sur deux billets de 5000 vnd qu’elle nous tend à chacun, et elle nous demande de faire de même sur des billets français. Pas de bol, nous n’avons pas gardé d’euros sur nous mis à part quelques pièces. Je lui donne donc les pièces qu’il me reste, mais je ne peux pas écrire dessus. Il nous reste aussi des dollars, nous signons tous les deux sur un billet de 10$ et lui remettons. Cette échange signifie notre respect et notre reconnaissance envers la famille, et fait office de promesse de ne jamais s’oublier. 

Nous reprenons la route en direction du lac Lak, et nous croisons de jolies choses: des plantations de café, de poivres, des réservoirs d’eau, des rizières… Le lac en lui-même, nous ne l’avons pas trouvé transcendant, ce sont plutôt les alentours qui sont jolis.

Sur la route du retour vers Buon Ma Thuot, nous croisons le chemin d’une église abandonnée. Un petit arrêt pour la prendre en photo, puis nous roulons jusqu’au musée ethnographique de la ville, qui allait fermé, et que nous n’avons pas eu le temps de visiter.

Ce passage dans les hauts plateaux du centre du Vietnam nous aura laissé des souvenirs inoubliables. Cette rencontre avec les locaux, ces échanges, c’est exactement ce qu’on recherchait en quittant tout (ou presque) pour voyager. Revenir à l’essentiel, c’est-à-dire au partage, aux petits moments simples de la vie. 

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